Un matin d’automne Je suis apparue Aube monotone D’une vie sans plus.
On dit que l’on m’aime Mais on me laisse au placard On dit que l’on m’aime Et c’est le grand départ.
Une vie nouvelle commence Peut être un peu plus de chance Elevée, je suis, j’ai grandi Dans la tendresse et l’oubli.
Par les uns, déchirée Par les autres rejetée Dans bien de haine aussi J’ai grandi, j’ai grandi.
On m’a appris, on m’a donné J’ai reçu, j’ai pris, j’ai cru. On m’a aussi abandonnée Lorsque l’amour s’est- tu.
J’ai grandi, j’ai grandi Dans la tendresse et l’oubli Dans la haine aussi J’ai grandi, j’ai grandi.
Les années ont passé… Aimée, ballottée, rejetée Les entrailles toujours apaisées Mais le cœur affamé.
Sensible et affamée D’amour, d’amitié J’ai aimé, j’ai donné Et l’on m’a repoussée.
Sans chercher à comprendre Sans se laisser prendre On m’a aussi haïe Condamnée et meurtrie.
Je venais les bras ouverts A donner la terre entière, Pour un peu d’affection Ni tendresse, ni pardon.
J’ai grandi, j’ai grandi Dans la tendresse et l’oubli Dans la haine aussi J’ai grandi, j’ai grandi.
Si bien que je suis partie Moi aussi fonder la vie, En sont nés des enfants. La vie en a décidé autrement,
Délaissée, ignorée J’ai fini par m’envoler Comme l’oiseau migrateur Refaire un gîte ailleurs !
Mais là encore c’est l’échec Quand sera- t- il mat ? Illusion pour primate, La vie n’est qu’obsèques.
On donne par intérêt Et l’on prend sans regret Ce qu’un cœur naïf Donne gratis.
J’ai grandi, j’ai grandi Dans la tendresse et l’oubli Dans la haine aussi Et mon cœur c’est durci.
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