Biographie partie 1 brouillon
Gabrielle Egger 20/09/2016
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Biographie
Prologue
Lieu : Région Parisienne
Origine de parents :
Père
Né de père français et de mère espagnole
Milieu d’origine
Anarchiste
Situation familiale
Petit fils d’un homme célèbre fusillé au mur des Fédérés sous le régime de Franco. Sa famille et lui furent bannis d’Espagne. Mère décédé de maladie, il fut élevé par son père qui ne s’est jamais remarié. Propriétaire d’un journal anarchiste « Le Libertaire »
Il a grandit sous la guerre de 1939
Possède un caractère très orgueilleux
A 19 ans pendant les vacances, il fréquente de jeunes bourgeois un peu fous
Dans le groupe il y a une jeune de 16 ans avec qui il sympathise, elle lui demande s’il veut l’épousée car elle veut partir de chez elle
Il lui dit oui comme il n’y a pas de femme à la maison cela l’arrange.
Peu de temps après il part sous les drapeaux et est envoyé en Indochine.
Il est démobilisé rapidement car il a été victime de malaria et d’un Ictère au foie.
Une fois démobilisé et soigné, son beau-père le fait rentrer à la RATP où il fera toute sa carrière.
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Mère
Née de parents français
Bourgeois
Ses parents étaient cousins germains
La mère de la cousine a emmené sa fille à la campagne soit disant pour soigner « un rhumatisme déformant » pendant 6 mois puis avant son retour à la vie normale abandonna son enfant.
Malgré tout le cousin a reconnu l’enfant mais le laissa à l’orphelinat car père célibataire
Il se mari en 1938 et sa femme ne pouvant pas avoir d’enfant adopte la petite fille au moment de la déclaration de la guerre.
Elle passe toute sa scolarité dans un pensionnat de religieuses, jusqu’à ses 16 ans
D’un caractère têtu, elle veut un peu de liberté et ne plus retourner en pension, elle sort avec des amis de son milieu mais rencontre un beau garçon et en tombe amoureuse.
Ce n’est pas du goût de ses parents qui lui posent un ultimatum, la pension ou le mariage.
Elle avait une bonne éducation intellectuelle mais ne savait rien à la tenue d’une maison.
Par bravade elle choisit le mariage et demande au copain de l’épouser. Les préparatifs furent vite expédiés et pour prouver son mécontentement à ses parents, elle décida de se marier en tailleur noir et à la mairie. Son beau-père lui enseigne tout ce qu’il y a à savoir pour tenir une maison
Au début de sa grossesse, elle apprend par lettre anonyme que ce n’est pas sa vraie mère et qu’elle a été adoptée.
Cette révélation lui gâchera toute sa vie.
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Chapitre 1
Les vingt premières années
1952
Naissance et petite enfance.
Née dans une clinique de la banlieue parisienne, un vendredi soir de novembre, elle démarre bien sa vie dans le monde des humains.
Elle naît avec un ulcère à l’estomac et ne supporte pas le lait maternel. Sa mère l’élève au bouillon de légumes, jus de viande et lait de chèvre
Sa mère fait son apprentissage de parent au détriment de ce bébé. Une assistante sociale qui la visitait lui enseigna quelques rudiments mais étonnée des pleurs intempestifs de l’enfant, elle découvre que l’une des épingles à nourrice qui tient la couche en tissu est plantée dans la peau de la petite.
Tant bien que mal, elle grandit puis le temps des dents la travaille. Comme tous les bébés, elle s’exprime par des pleurs pour signifier sa souffrance.
Son père, qui est malade ne le supporte pas et enferme l’enfant dans un placard avec un oreiller sur la tête pour ne plus être dérangé.
Elle passe une petite enfance un peu turbulente, joue avec un porte manteau et sort un œil de son orbite. Heureusement sa mère a su garder son sang froid et lui remet l’œil en place. Elle ne garde aucune séquelle.
Elle ne connait que son grand père paternel avec qui elle joue souvent, elle l’adore mais ne connait pas ses grands parents maternels
L’année de ses trois ans, il y a du chambard dans la maisonnée, une rupture dans le ménage, la petite est placée dans une famille d’accueil en Provence loin de toute sa famille. Pendant ce temps son grand père paternel disparaît, elle ne l’apprendra que beaucoup plus tard.
Sa vie est toute chamboulée, elle vient d’avoir quatre ans, un petit frère dont elle s’émerveille, un nouveau papa, puis au beau temps, sa mère qui se marie et elle découvre une nouvelle famille plein de monde inconnu mais ….
Déjà très protectrice de son petit frère, elle ne veut pas le quitter, alors quand ils vont dans cette nouvelle famille, elle reste collée aux basques du bébé, les autres enfants de son âge et plus, sœurs de se nouveau papa, la rejettent violemment lui disant
‘’- Pousse toi de là ! D’abord ce n’est pas ton frère ! Nous on est sa vraie famille ! Pas toi !‘’
Comme si sa mère et elle n’étaient pas vraies ? Alors sans bruit, elle sort de la maison et va s’assoir dans un coin du jardin pour pleurer se rejet et sa souffrance, elle qui n’a plus son grand père ni son père et maintenant cette famille qui ne l’aime pas et qui lui vole son petit frère.
Quand il reparte de là, ses parents les conduisent tous deux chez une tante aussi inconnue pour rester en pension le temps que les parents s’installe ailleurs, le temps lui paraît long mais il y a une petite fille de son âge et son petit frère, ils peuvent jouer ensemble à la poupée avec le bébé.
Pendant ce temps ses parents ont élu domicile dans un petit hameau à un km et demi d’une petite ville.
Sa mère lui apprend à faire les commissions comme une grande. Elle n’a pas cinq ans. Un jour, sa maman ayant besoin de quelques courses et n’ayant pas le temps de les faire elle-même, elle envoie la gamine.
Fière de cette responsabilité, elle décide d’avoir une récompense pour service rendu, s’achète un bonbon avec la monnaie, rapporte le tout à la maison très digne d’avoir fait ces courses seule et à pieds.
Lorsque la mère après contrôle des courses et de la monnaie elle s’aperçoit de l’achat impromptu, oh ! Horreur ! La colère de maman !
La mère attrape le petit, le confit à une voisine et emmène sa fille à coup de pieds aux fesses, reporter le bonbon chez l’épicier, toujours à pieds évidemment, la traite de voleuse et lui fait honte devant tout le monde.
Lourde comme punition à cet âge. Elle ne l’oubliera jamais.
Vie et Scolarité
De 5 à 7.
Après plusieurs déménagements, de retour en région parisienne, dans une petite maison appartenant aux parents de sa mère, elle rencontre pour la première fois le père de sa maman. Il a l’air d’être plus gentil que les autres et se met à l’aimer de toutes ses forces.
Puis la rentrée des classes, la voilà devenue grande maintenant et puis elle va avoir un autre petit frère.
Un nouveau rythme s’installe à la maison, il y a le service militaire du ‘’ papa’’, la grossesse de la maman et sa fatigue, le contact avec le père qui c’est remarié et qui a deux petites filles.
Quelle joie ! Elle va connaitre ses petites sœurs et on ne lui dira pas que ce n’est pas sa famille !
Excités, impatiente, elle attend son père. Il vient la chercher le jeudi dans la matinée, heureuse elle arrive dans cette maison qui était la sienne avant, dit bonjour à la dame que son papa lui présente et lui dit qu’elle est comme sa maman. Elle fronce un peu son nez, elle n’est pas sure d’avoir tout compris, une autre maman ? Mais elle en a déjà une ?
‘’- Dit papa pourquoi il faut que je l’appelle maman ? Je vais changer de maman ?’’
Le père un peu gêné par les questions de sa fille, essaie de lui expliquer :
‘’- C’est la maman de tes petites sœurs, et pour lui parler c’est plus facile de lui dire maman.’’
La petite n’est pas bien tranquille mais ne dit rien, elle demande après ses petites sœurs et sa belle mère l’invite à regarder de la porte de la chambre restant dans le couloir et lui dit :
‘’ – Regarde, elles sont là-bas dans le lit, tu ne peux pas y aller, je viens de cirer le plancher, tu ne vas pas aller le salir ! ‘’
Quelle désillusion !
Le repas se passe plus ou moins bien, il ne faut pas être difficile, manger de tout même si on n’aime pas, dire :
- Est-ce que je peux, - s’il te plaît, - merci, ou – non merci, je n’ai plus faim ou – non merci, je n’y tiens pas
Enfin très polie.
Le repas terminé, elle doit aider à faire la vaisselle, elle ne peut jamais jouer avec ses sœurs, alors un jour, en ayant assez de la situation, elle plante là sa belle mère avec son torchon, croise les bras d’un air buté et dit :
‘’ – Je ne suis pas la boniche ! Tu n’as qu’à mettre un torchon dessus et la vaisselle sèchera toute seule ! ‘’
Cela lui en coûte une magistrale fessée. La petite n’a pas sa langue dans la poche, sans une larme, elle frotte ses fesses, regarde sa belle mère droit dans les yeux et réplique :
‘’- Ah ! Ça fait du bien, ça fait circuler le sang, ça décongestionne le cerveau !’’
Après son impertinence, elle n’a jamais revu ses petites sœurs ni son père.
Pendant ce temps la grossesse de sa mère se poursuit, il fallait l’aider, lui faire les courses, faire la vaisselle, apprendre ses leçons et faire les devoirs, il faut aussi jouer avec le petit frère. La maman avait des envies de femme enceinte, alors elle envoie sa petite fille acheter à la boulangerie pâtisserie de la grande place un sachet de gros caramels mous au lait, fabrication maison. Attention ! Interdiction formelle d’en prendre un seul. Cela tout les jours, sans autre compensation, pourtant cela lui faisait bien envie à la petite fille, elle aussi elle aimait bien ses bonbons là.
Petite torture raffinée à ajouter aux autres.
Un jour jouant dans le jardin avec son petit frère et le gros chien, elle a l’idée de mettre son frère sur ses épaules pour jouer au cheval et courir autour du jardin suivie du chien. Mal lui en prend, elle glisse et tombe le front sur la bordure d’un petit muret de pierre qui séparait le jardin en deux
Le petit fait un rouler bouler par-dessus le muret, atterrit sur une belle couche d’herbe qui amortit sa chute. Elle, elle s’ouvre le front, elle en garde une belle cicatrice, souvenirs d’enfance, mais la paire de claques et la punition pour avoir fait tomber son frère, restent gravées dans sa mémoire. On finit par lui soigner son front et ses genoux.
Comme le ‘’papa’’ est pêcheur, il ramène un tas de poissons vivants qu’il met dans un grand bac de ciment qui sert de réservoir à la fontaine du jardin, grand comme une grande baignoire et bien profonde. C’est amusant à regarder tous ces poissons, ils leur donnent à manger des morceaux de pain dur, dénichent dans le jardin de vers de terre mais pour la pêche il faut des asticots.
Le matériel rangé dans un coin du jardin et comme tout enfant qui se respecte, curieuse, elle touche à ce qu’il ne faut pas. Habillée dune jolie petite vichy rose avec une grande ceinture ton sur ton, attachée dans le dos, de socquettes blanches et de petits souliers vernis noirs. Intriguée par une petite boîte, elle veut la saisir mais celle-ci lui échappe des mains et tombe au sol en ouvrant le couvercle. Malheur ! Les asticots se sont répandus partout. Il y en a qui ont atterris sur ses chaussures.
Soudain elle sent des fourmillements le long de ses jambes, hurle de toutes ses forces, complètement paniquée. Son ‘’ papa’’ qui n’est pas loin, accourt à toute vitesse lui demandant ce qui se passe.
La fillette tremblante de peur par l’appréhension d’une fessée et des bêtes qui grimpent, finit par avouer qu’elle a fait tomber la boîte et que les bêtes montent sur ses jambes. Le ‘’papa’’ essayant de garder son sérieux devant cette petite fille angoissée, rouspète un peu, l’aide à tout ramasser et regarde ses jambes, lui dit :
‘’ - mais il n’y a rien ! ‘’
La petite bouleversée pleure de plus belle,
‘’ - si, si ! Il y a des bêtes qui courent sur mes jambes ! ‘’
Plus elle s’agite et plus la sensation est grande. Alors le ‘’papa’’ voit la ceinture détachée et frôler les jambes de la petite. Il la prend sous son bras
‘’ – tu mérites une punition pour toucher à ce que tu ne dois pas ! ‘’ Dit il d’un ton bourru, lui baisse sa petite culotte comme pour lui mettre une fessée, ouvre un filet d’eau du robinet extérieur pour mouiller sa main et lui envoie quelques gouttes d’eau sur le derrière. La fillette honteuse se trouve plus vexée que si elle avait pris une fessée.
Un autre jour, alors qu’elle était grimpée sur un tabouret pour laver la vaisselle, elle s’amuse à faire des bulles de savon dans l’eau de vaisselle avec ses doigts, sa mère s’énerve car il devaient partir en train pour voir ses beaux parents, et que la petite ne se presse pas, elle attrape la gamine et la secoue comme un prunier alors qu’elle tenait un couteau à viande dans la main, la petite pour se protéger lève le bras, déséquilibrée, le couteau lui rentre dans le bras assez profondément, une grande peur et une nouvelle cicatrice.
A cette suite, elle développe des crises de somnambulismes et se sauve de la maison.
Le bébé naît enfin, le papa qui est toujours au service militaire est dans la maison pour garder les enfants. Deux gendarmes sont venus le prendre car il doit partir à la guerre en Algérie mais lui ne veut pas, il se bagarre et se sauve, il risque d’aller en prison pour ça, par chance au moment où il monte dans la camion pour partir à la guerre, son beau père est arrivé avec une déclaration faite par la mairie comme quoi son troisième enfant était né, du coup il n’est pas parti mais a fait quand même quinze jours de garde à vu à l’armée.
Pendant ce temps, les difficultés financières grandissent, la disette fait son apparition, alors la maman cuisine de la soupe avec une pomme de terre récupérée et quelques feuilles d’oseilles du jardin. Pour l’accompagner, elle fabrique des galettes de pain avec de la farine, de l’eau et un peu de sel, le tout aplati et découpé avec le bord d’un verre et les faire cuire au four, ce n’est pas génial, la faim justifie les moyens.
Le jeudi c’est jour de fête, le grand père maternel vient les voir en cachette de sa femme, et leur apporte du steak haché de cheval, deux paquets de petits beurres et un paquet de bonbons vichy le tout accompagné d’un savon de Marseille pour la toilette et la lessive.
Enfin le père est démobilisé, la vie reprend son court, le papa travail la nuit, il travail dans un cabaret, il en est le gérant.
Il y a l’intoxication par le gaz, le séjour des enfants à l’hôpital, les absences scolaires répétées, une primo infection déclarée et les soins très mauvais à prendre. Il faut encore déménager la maison est déclarée insalubre. Recommencer une nouvelle vie.
De 7 à 13
Cette fois, ils arrivent dans une cité d’HLM. Une nouvelle vie commence, il faut repartir de zéro, l’école, les copines, les lieux à reconnaître. La fillette recommence son CP, l’école est plus grande mais la maîtresse est très gentille, elle s’applique bien et passe sans problème sa première année scolaire, la maison est confortable, il y a de l’eau chaude au robinet, une salle de bain, une cuisine et des toilettes, trois chambres et une grande salle à manger, c’est une belle vie.
1960 encore un petit frère, cette fois la mère accouche à la maison. Le père dormais dans la chambre d’à côté. Quand la sage femme annonce que c’est un beau petit garçon, le père dit ‘’ encore !’’ Et se retourne.
Après quelques temps, la mère très dépressive avale des somnifères, la gamine de 8 ans en rentrant de l’école avec son petit frère la trouve inconsciente. Elle court chercher de l’aide auprès de voisins et appelle le médecin de famille. Le père est au travail, il faut que la petite fasse face au problème des enfants, faire le biberon pour le petit bébé et donner à manger aux deux autres garçons et les coucher. Premiers pas vers le monde des grands.
Le petit assis dans sa chaise haute attend que sa grande sœur lui donne sa bouillie, elle l’apporte chaud et le pose sur la tablette de la chaise la cuillère à la main, le bol fume et la mère s’en aperçoit, pense que le petit va se brûler et d’un geste brusque pousse le bol qui tombe au sol et se fracasse disant à la gamine :
‘’ - Tu n’es vraiment qu’une bonne à rien !’’
Et levant la main pour la gifler. La fille prise de peur, recule d’un pas, met le pied sur la bouille et glisse à terre le visage en avant. Une dent se casse juste sur le devant de la bouche. Depuis ce jour, elle ne sourit plus, alors on lui donne un surnom, « bonjour tristesse » par dérision.
Il y a de nombreuses disputes entre les parents qui bordent sa vie. Elle est de plus en plus sollicitée pour aider à la maison. Mais il existe quand même des petits bonheurs.
Pendant les grandes vacances, ils partent chez les grands parents paternels à la campagne, les jeux entre enfants, leur insouciance, la vie est belle.
En 1962, ils partent deux mois en vacances au bord de la mer, dans une petite location. Le petit garçon qui à deux ans ne marche pas encore. A force de jouer dans le sable iodé, il se met à marcher à la fin des vacances, la joie éclate dans la maison.
Le père tombe malade, il ne peut plus marcher, alors la maman part travailler sur les marchés, elle quitte la maison de bonheur le matin et c’est sa fille qui doit s’occuper de ses petits frères, les lever, les faire déjeuner, les emmener à l’école sous l’œil du père couché. La mère de retour dans l’après midi est présente lorsque les enfants reviennent de l’école.
Un jour proche de noël, la mère en courses, l’ainé des garçons prend la chaise de bébé afin d’atteindre la boîte d’allumettes cachée sur le dessus des éléments de cuisine accrochés au mur afin d’allumer les fausses bougies qui servent de décors au sapin et à la crèche.
Le feu se déclare et se propage à toute vitesse dans la salle à manger détruisant rideaux, canapé et fauteuils, vitres tout en dégageant une fumée âcre et asphyxiante. La fillette n’arrive pas à réveiller le père endormi par les médicaments et la porte est fermée à clé. Les enfants hurlent de peur. Les voisins appellent les secours qui finissent par intervenir au moment où la mère arrive.
Une fois tout le monde reparti, le bilan de l’aventure se fait, il en résulte qu’il n’y aura pas de noël puisqu’il faut remplacer les meubles, une diatribe sévère pour la fille responsable des petits et des noms d’oiseaux volent fortement au dessus de sa tête :
‘’ – Espèce de bonne à rien, on ne peut pas te faire confiance, par ta faute il n’y aura pas de noël, de quoi la maison à l’air avec les carreaux cassés ? En plus ton père a failli mourir ! Etc. …’’Par malchance il fait très froid. Puis il faut nettoyer la maison.
Depuis un certain temps quand sa mère tempêtait, elle s’enfermait dans sa tête et chantait pour ne plus entendre les cris, quand elle faisait des courses, elle prenait tout son temps, parlait aux voitures, aux oiseaux, aux animaux de toutes sortes, même aux fleurs, elle leur racontait des histoires, ces crises de somnambulisme persistaient.
L’appartement est un rez-de-chaussée surélevé avec une coursive, un sous sol avec des caves personnelles, un local à vélo et un local à poubelles.
Un après midi, le gardien de l’immeuble vient se plaindre à la mère qu’il trouve des ordures ménagères vidées sous les escaliers du sous sol au niveau des caves
‘’- Ces poubelles viennent de chez vous car il y a des déchets à votre nom. ‘’
Par quel mystère ? La mère se retourne vers sa fille qu’elle accuse car c’est elle quia la charge de descendre les poubelles. Le problème est que la gamine n’a aucun souvenir de ce fait, rien ! Il lui en coûte une trempe à la ceinture et le nettoyage de l’endroit.
A l’école tout n’est pas rose non plus, les humiliations font le bonheur des institutrices. Elle passe ses récréations à faire le tour de la cours les mains au dos et la feuille du cahier arrachée accrochée dans le dos pour que tout le monde voie les pâtés d’encre ou aller au coin avec le bonnet d’âne sur la tête pour une leçon mal apprise ce qu’il fait qu’il n’y a pas beaucoup de camarades qui acceptent de jouer avec elle.
La mère exige de sa fille de bon résultat scolaire, être toujours dans la bonne moitié de la classe. Si les enfants sont trente cinq dans la classe, elle doit être tout au plus seizième, pas plus loin. Bien souvent elle se situe entre douze et quatorzième avec la mention ‘’ ne se bile pas trop, peut mieux faire ‘’. Cela passe quand même auprès des parents.
Une année pourtant en classe de CE2 sont classement est exceptionnel, elle est première de sa classe. Elle obtient une récompense remise par la directrice de l’école. Un prix d’honneur et un voyage en bateau- mouche sur la Seine à Paris, la place de l’accompagnant était réduite à cinq francs.
Jamais elle n’a fait ce voyage. Alors pourquoi faire des efforts ? Elle poursuit ses études en étant dans la bonne moitié sans plus et sans faire d’effort supplémentaire.
1963 : Enfin le nouveau bébé arrive, c’est une belle petite fille, le père toujours en soins est fou de joie.
Elle est très sage, elle dort tout le temps, la maman s’inquiète beaucoup, cela n’est pas normal. Les médecins et infirmières qui fréquentent souvent la maison pour le père lui disent :
‘’—Ne vous plaignez pas Madame, vous en avez au moins une de sage…’’
Neuf fois plus tard le bébé ne s’éveille toujours pas, elle devrait tenir assise, réclamer sa nourriture, sourire et gazouiller, pleurer pour ses dents mais rien, on peut l’oublier elle se laisserait mourir. Puis le drame, les premières convulsions et une hémiplégie gauche, tout son côté droit est paralysé. Pensant que la petite allait mourir, on envoie la grande chercher le médecin et le prêtre. Le curé pratique un baptême d’urgence, un départ précipité pour l’hôpital. La garde des autres enfants aux soins de la grande.
Le père à ce moment retravaille comme livreur en charcuterie fine, il sert des clients comme la tour Effel, le palais de l’Elysée, et d’autres endroits célèbre à Paris.
La grande doit faire face aux enfants, à leurs interrogations, à leurs angoisses. Tout doucement elle joue le rôle de la petite mère. Elle les réconforte, les protège. Quand sa mère revient avec le bébé, elle la soutient du mieux qu’elle peut et l’aide de plus en plus dans les travaux domestiques. Vaisselle, linge, ménage, courses… elle met la main à la pâte le plus possible pour permettre à sa mère de courir les hôpitaux et médecins afin d’avoir un diagnostic pour la petite fille. Il y a aussi l’école.
1964 : Une nouvelle année, l’éternel bébé ne se réchauffe pas, alors la petite de quinze mois partage le lit de la grande. Les couches ne sont pas assez absorbantes, alors sont lit tous les jours est mouillé, il lui arrive de lui vomir dessus, puis à seize mois, de nouvelles convulsions, une paralysie supplémentaire, l’hôpital, un enchaînement.
Un incident dans l’ascenseur de l’hôpital provoque l’accouchement prématurément, huit jours plus tard naît une nouvelle petite fille mais la mère la rejette, elle n’en veut pas, elle ne le regarde même pas. Elle refuse de la nourrir, elle sera élevée au biberon.
La mère ne reste que trois jour à l’hôpital, pendant ce temps, la grande prend soins de ses frères et sœur.
Tout se déchaîne à partir de cette période. L’aîné des garçons souffre de grosses difficultés scolaires et de comportement, les médecins l’envoient en IMP à Senlis, c’est loin de la maison, les parents vont le voir le week-end, une année d’absence c’est long.
Entre la maison, les bébés, l’éloignement du frère, le moral des parents en berne, la vie n’est pas rose pour la fille aînée. Pas de temps pour sortir avec les copines. Les voisins qui les plaignent,
‘’ – Pauvre petite, vous avez bien du courage et avec les cinq autres, vraiment ….’’
Quand elle entend tout ça la fille bout de colère, de tout façon personne ne vient pour les aider, de quoi se mêlent ils ?.... Malgré tout ça, il faut continuer de bien travailler à l’école, le concours de l’entrée en sixième qu’elle réussit mais malgré son succès, elle n’ira pas en sixième, la loi de cette époque dit que les enfants rentrant en sixième ne devaient avoir que douze ans dans leur année scolaire. Malheureusement comme avec ses absences pour maladie en CP elle n’a commencé l’école réellement qu’à sept ans, elle en aurait treize dans son année scolaire et son dossier est refusé. Donc adieu projet, il faut suivre une autre voie.
De 13 à 16
Elle change d’école pour suivre les cours de certificat d’études en deux ans, l’école loin du domicile, tris km environs, les parents lui payent la cantine mais le trajet se fait à pieds, les difficultés financières obligent. Chaque soir, elle se presse de rentrer, elle sait ce qui l’attend à la maison et ne doit pas traîner en route.
Pendant ces années là, d’autres drames se sont développés, le plus jeune de ses frères fait une méningite, encore l’hôpital, ponction lombaire, soins, angoisses, carence de la mère. Quelques temps plus tard, jouant à cache-cache avec son frère, il se prend l’angle d’un gros pèse bébé sur la tête, diagnostic, fracture du crâne, de nouvelles peurs, de nouvelles angoisses. Puis il tombe malade au niveau pulmonaire. Il part en établissement spécialisé dans le Jura.
Le plus grand rentre à la maison mais le second qui a des problèmes d’énurésie, l’oblige à faire une cure dans les Pyrénées. La maman partage ses week-ends entre le Jura et les Pyrénées afin de rendre visites à ses enfants. Le père la journée va à la chasse et la grande prend soin des autres enfants et de la maison. Avec les voyages de la mère, les difficultés financières recommencent et la machine à laver qui vient de lâcher, ne peut être changée. Alors la maman le vendredi avant sont départ met le linge à tremper dans la baignoire, à charge pour la fille de le brosser, le rincer et l’étendre avant le retour le dimanche de la mère. Pour le blanc, le brosser et le mettre dans la lessiveuse pour que la mère puisse le mettre à bouillir en rentrant. Il faut faire vite car la baignoire doit se libérer pour les toilettes des enfants.
Suite à sa dent cassée, des abcès la font souffrir, son père revient dans sa vie pour l’emmener chez le dentiste à Paris, histoire de mutualité du père car la mère n’a pas les moyens de lui offrir les soins dentaires. Quelques heures privilégiées où elle est heureuse. Il partage ce temps avec sa fille en cachette de sa femme car elle n’est absolument pas d’accord mais sa mère ne cède pas, voilà des années que le père ne paie pas la pension alimentaire (histoire d’adulte) qui n’intéresse pas la fille. Juste que chaque jeudi, son père vient la chercher. Alors elle se presse d’aider à la maison pour ensuite se préparer à sortir avec son père. Elle a encore grandi, son corps se transforme, elle devient une jeune fille qui aimerait être vêtue comme telle, ses premiers sous vêtements sont récupérés par sa mère dans le local à poubelles. Evidemment, ils sont déposés dans un endroit propre du local dans un sac correct. Les gens ne donnent pas directement, ils déposent et chacun se sert en toute discrétion, les vêtements sont de bonnes qualités mais…
Lorsque son père pour ses treize ans l’emmène dans un magasin parisien pour lui offrir une petite jupe à la mode, une jolie paire de chaussures et sa première paire de bas, elle est au anges, ses yeux brillent de joie, elle n’a jamais été aussi heureuse qu’à ce moment là.
Pendant les absences de la mère, le beau-père s’intéresse de plus en plus à la jeunette, quand les enfants sont couchés, il veut lui faire découvrir combien elle est jolie et attirante, qu’elle devient une ‘’petite femme’’, il essaie de l’embrasser. Elle, mal à l’aise, se d’ébat, l’envoie promener, se réfugie derrière son frère qui a neuf ans ne comprend pas ce qui se passe mais sent qu’il y a un problème. Chaque weekend recommence la même histoire, un soir que le frère est couché et que la grande prépare le dernier biberon du bébé, la casserole d’eau chaude sur le poêle de la chambre, le beau père rentrant tardivement d’une chasse un peu trop arrosée, commence à ennuyer la gamine et insiste lourdement, les mains baladeuses, elle prend peur et réveille son frère. Il n’hésite pas et protège sa sœur en empoignant la casserole bouillante et menace le père avec. Cela calme le père et pour que rien ne filtre, il laisse tranquille la jeune fille.
Malgré la vie chaotique elle poursuit tant bien que mal sa scolarité ; les heurts avec sa mère se poursuivent, elle ne se presse pas assez pour faire le travail, ou elle ne surveille pas convenablement les enfants et font des bêtises ou elle-même fait des âneries de sont âge. Elle ne voit encore plus son père, sa mère de nouveau en guerre avec lui. Les garçons reviennent à la maison. La vie reprend un cours normal, le beau temps de la partie avec le moi de mai et l’ouverture de la pêche. Le vendredi soir les parents commencent à préparer le matériel de pêche et le matériel de camping, le samedi le père rentre du travail à quatorze heures, alors il charge l’estafette et dès que les enfants rentrent de l’école à seize heures trente, ils s’installent dans le véhicule et partent à l’aventure à cent km de là, au bord de la seine et reviennent dans la nuit du dimanche au lundi, les enfants bien installés pour dormir à l’arrière de la voiture. Merveilleux souvenirs que ces weekends.
Fin juin le plus jeune des garçons retourne dans le Jura, les autres enfants début juillet partent une dizaine de jour chez les grands parents paternels, la mère doit partir avec sa fille handicapée à Lourdes pour un pèlerinage et pour remercier sa fille aînée de toute l’aide apportée durant toute cette année là, elle organise avec un couple d’amis qui prennent tous les frais à leur charge à la condition qu’elle s’engage comme brancardière à Lourdes. Le voyage se fait en voiture décapotable sur deux jours avec le couple d’amis et leur fille du même âge qu’elle. Elles s’entendent très bien. Une superbe voyage à travers la France. Son premier voyage et découverte d’un si beau pays et d’une semaine de rêves.
En août de la même année toute la famille ainsi que les grands parents paternels partent en camping une dizaine de jours dans le Jura, pour être en compagnie du jeune malade et faire de belles excursion dans la région. De beaux souvenirs mais le beau père à chaque fois qu’il peut coincer la fille dans un coin discret, ne se gêne pas pour avoir des mains baladeuse et de l’embrasser à la commissure des lèvres car celle-ci le repousse et tourne la tête pour l’éviter. Elle ne veut pas faire d’histoire, sa mère est tellement dure qu’elle ne veut pas risquer de déclencher une avalanche et puis pourquoi risquer de lui faire de la peine ? Jusqu’à présent elle réussit à s’en sortir sans trop d’égratignure.
Sa seconde année de certificat d’étude se déroule dans la même lignée que l’année précédente, les enfants sont tous revenus à la maison, la mère cours toujours les hôpitaux, un diagnostic tombe au sujet de la petite handicapée ; ‘’ c’est une débile profonde avec paralysie surajoutée, vivra-t-elle 3ans, 5ans, 20ans, je ne peux vous le dire, Madame, mais malheureusement votre fille est bâtie pour vivre centenaire. ‘’Pour le coup, la mère s’effondre. Il faut se battre pour la reconnaissance du handicap de la petite, avec l’aide d’un kinésithérapeute elle se met en tête de la rééduquer, de la faire évoluer, puis les contrôles médicaux, les expertises de sécurité social, un calvaire qu’elle affronte seule. Alors elle craque. Des disputes continuelles entre les parents, argent, santé, éducation, tout y passe, surtout les absences du père le weekend de la saison de chasse. Les disputes de plus en plus violentes, des crises de nerf, des cris effrayants puis le gibier et les vêtements de chasse voltiger sur la pelouse de l’immeuble. Les enfants sortent en douce les récupérer sur l’ordre de la grande, les bagarres généralement le père reste stoïque et la mère se déchaîne sur lui à coups de points sur le torse, le voyant rester calme elle le laisse pour aller s’enfermer dans la chambre en vociférant. Souvent la voisine du dessus descendait, inquiète de tout ce raffut, une fois la porte ouverte elle aperçoit le père assis dans un fauteuil attendant que cela se passe et entend la mère dans la chambre taper et crier. La grande se sent humiliée par la situation. Pour sur gênée, la voisine repart en s’excusant du dérangement. Le plus terrible c’est lorsque la dispute commence avant le repas. Généralement, les enfants assis autour de la table dans l’attente du service, quand la discussion monte d’un ton puis éclate violemment, alors la mère empoigne la table et la retourne, envoyant tout sur le sol. La vaisselle cassée, la nourriture dans les morceaux, plus de dîner ! La fille n’a que le temps de garer les enfants effarés. Les soirées se terminent par un peu de pain rescapé et un bol de lait avant d’aller coucher. Puis pour la gamine, le nettoyage, faire manger les petites et les mettre au lit. Le lendemain, elle essaie de passer inaperçue tellement la honte la tenaille, alors seule l’école est son refuge. Toujours vêtue avec des vêtements donnés, elle met le plus souvent possible la jupe offerte par son père. Elle la portera jusqu’à l’usure. Les moments scolaires sont des instants de liberté, l’atmosphère est de plus en plus lourde dans la maison et le père de plus en plus pressant auprès d’elle.
Un changement s’opère dans le milieu familial car le père change d’emploi et rentre au ministère de l’aviation civile comme chauffeur de maître, il lui faut une voiture pour ses déplacements personnels, ce qui entraine la famille dans quelques difficultés financières momentanées. On parle de plus en plus d’une maison à construire et des pourparlers s’entreprennent avec le grand père maternel pour les aider.
Malgré tout elle réussit son certificat d’étude puis le concours d’entrée au lycée professionnel pour devenir comptable. Cette année là, elle reçoit de son père, une superbe mallette de peinture, elle la gardera longtemps.
Quinze ans, le lycée, les responsabilités de plus en plus nombreuses, l’envie d’insouciance, les misères du quotidien, les petits drames et les petites peurs, la vie d’une maisonnée et tous les soucis. L’évolution de l’éternel bébé avec la rééducation journalière, celle de chez le kiné, les moments critiques, ce bébé qui grogne. Elle ne partage plus le lit de la grande, elle a quatre ans, la mère obtient de la sécurité sociale la reconnaissance de son handicape, ce qui lui permet d’avoir un lit spécial comme à l’hôpital pour la sécuriser, donc la petite dernière prend la place du bébé dans la chambre de la grande sœur. Celle-ci a trois ans, elle touche à tout, grimpe partout, les petits bibelots, la dinette en porcelaine qu’elle garde précieusement dans son cosy, la dernière poupée cadeau de son dernier noël d’enfant, tout, au fil du temps est cassé, massacré, elle n’a plus rien et doit garder le sourire et la tendresse pour sa petite sœur.
Il y a mai 68, les grèves, la monté à Paris avec les copains tout en rentrant à l’heure car sa mère lui interdit de participer aux manifestations, la croyant à l’abri au lycée. Elle, elle vit pleinement cette révolution, le matin les jeunes se réunissent, prennent le bus direction Paris, les pavés, les batailles de rue, les barricades, les lacrymogènes de la police et les lances incendies, ne pas se faire prendre ni par les flics, ni par les journalistes qui filment les évènements, il y a aussi le siège des classes et les revendications ? (une vie bien à elle, des aventures, des expéditions faites de folies de jeunesse, les premiers émois amoureux). Le tout en silence, sans que ses parents ne soient au courant.
La période de minis jupes que ses parents ne lui permettent pas, alors le matin, elle part en tenue descente puis s’arrête chez une copine pour s’arranger un peu. Quelques tours de ceinture de jupe afin de la raccourcir, un peu de maquillage passé par la copine, le soir au retour surtout ne pas oublier de se démaquiller et remettre la jupe en place pour ne pas se faire prendre. Une fois un peu en retard, elle n’a pas le temps d’enlever tout le maquillage de ses yeux, évidemment la mère le remarque de suite, s’ensuit une volée de bois vert en se faisant traiter de tous les noms : ‘’traînée, putain,’’ et autres noms d’oiseaux.
A quelques temps de là, alors qu’elle assiste à une des séances de rééducation de l’éternel bébé, la mère attache la main gauche de la fillette à son siège, lui met l’assiette de purée sur la tablette de son siège pour la forcer de bouger sa main droite. La fille trouve la méthode barbare, ne le supporte pas et lève la main vers sa mère. Elle n’a pas le temps d’accomplir son geste. Elle reçoit une magistrale gifle et de lui dire : ‘’—Pour qui te prends tu ? Ici tu n’es rien ! Pas même l’ombre d’un pet de mouche !’’ Avec dans la voix toute la hargne et le mépris possible, phrase recherchée qu’une mère peut dire à son enfant. Elle n’oubliera jamais les mots ni la souffrance qu’elle ressent.
Durant cette année, les parents font le projet d’acheter une maison car la ‘’ petite ‘’, avec ses cris et ses grognements, dérange les voisins. Chaque weekend ils partent, confient la maison et les enfants à la grande. Elle a beaucoup appris sur la tenue de la maison, la cuisine, les enfants…. Les parents s’absentent en toute confiance. Le petit flirt scolaire qui, la semaine l’accompagne un bout de chemin la retrouve le samedi matin pour conduire les petits à l’école, des moments de bonheur où elle rêvait qu’ils formaient une famille et que c’était la sienne. Elle est libre et heureuse.
Le temps des vacances revenu, tout va changer. Le projet maison avance à grand pas, ils vont signer les papiers pour les prêts et l’achat de cette maison trouvée à la campagne proche de sa famille à lui, loin de tout. Les parents sont de plus en plus absents. L’éducation des filles en général à ce moment était convenable, le budget, la maison, faire un trousseau, s’occuper des enfants, savoir recevoir, en plus de l’apprentissage d’un emploi il y a une éducation artistique, lecture, théâtre, cinéma, musique, peinture, etc.… tout ce qui est nécessaire pour faire une bonne épouse. Mais personne n’aborde le sujet de la sexualité, sujet tabou. Alors, quand un jour de l’été 68 le petit ‘’chéri’’ de la demoiselle l’accompagne en promenade, les baisers ardent du jeune homme lui font tourner la tête, les mais se baladent un peu partout, parfois à des endroits intimes. Elle se débat, elle dit non ! Arrête ! Il lui tient ses deux mains au dessus de sa tête d’une seule poigne, elle se tortille ne comprenant pas ce qu’il veut réellement, en un rien de temps il la prend avant qu’elle n’ait le temps de dire ouf. Une douleur la transperce, elle réalise dans un éclaire ce qui vient de se passer, elle pense qu’elle ne s’est pas défendue assez violemment, elle se relève avec horreur, en larmes, le gifle et s’enfuit en courant toute défaite. Une voisine la voyant ainsi l’intercepte lui demandant ce qu’elle a et lui conseille de voir le médecin au plus vite. Les parents de retour, trouvent le comportement de leur fille un peu bizarre.
Le lendemain elle demande à sa mère la permission de s’absenter quelques temps, la mère veut savoir pourquoi et où. La jeune fille ne veut rien dévoiler à sa mère, après de âpres négociations, elle obtient cette autorisation. Elle va donc chez le toubib qui promet de ne rien dire à ses parents, lui prescrit une ordonnance pour éviter de conséquents risques. Elle passe à la pharmacie, mais là c’est une autre histoire, sur le petit pécule qu’elle a obtenu en rendant des services aux voisins, elle n’a plus assez d’argent pour les piqures, difficile de faire crédit, malgré tout elle demande le prix et comment cela doit s’administrer. La pharmacienne ne l’entend pas de cette oreille, elle ne fournit pas le renseignement et répond à la gamine :
‘’—Dis à ta mère de venir elle-même pour l’ordonnance, cela ne te regarde pas ! ‘’ Nouvelle difficulté. A son retour, la mère l’interroge de nouveau sur le lieu de son absence et pourquoi ? La fille muette comme une tombe ne veut pas répondre. La mère s’exaspère mais finit par la laisser tranquille. Le lendemain, elle envoie sa fille, porter des papiers à la sécurité sociale. Ce jour là, il y a foule et tarde à revenir. A son retour éclate le drame, la mère en colère lui reproche sa trop longue absence, elle a beau dire que ce n’est pas de sa faute, qu’il y avait du monde, la mère n’en démord pas, elle étend le bras pour saisir sa fille, avec quelle intention ? La fille, prise de panique recule prestement, dans son mouvement son petit sac à main lui échappe et se renverse sur le sol, révélant ainsi un poudrier que sa voisine lui a offert. Elle ne pense pas dans sa précipitation à tout ramasser pour dissimuler le poudrier, se souvenant de l’histoire du maquillage, à l’ordonnance cachée dans le sac. L’incident attire l’œil de sa mère :
‘’—Donne ton sac !’’
‘’—Non ! ‘’ Tremblante de tenir tête à sa mère, elle sert le petit sac contre elle.
‘’—Donne ton sac ! Te dis-je et ou as-tu eu ce poudrier ?
Ne voulant pas répondre la gamine baisse la tête et essaie de mettre la table entre elle et sa mère. La maman plus rapide, sur un ton dur et bref :
‘’—Donne ce sac ! ‘’ Elle le lui arrache des mains
‘’—Que caches-tu encore là-dedans ?
‘’—Non ! Non ! Cri de désespoir en larmes.
La mère ayant pris le sac, le vide sur la table pour en faire l’inventaire. Un poudrier, des babioles, les papiers d’identité et de réduction de transport, un papier blanc plié, à sa vu la fille tremble de plus belle, sa mère ne la remarque pas et poursuit et poursuit l’inventaire. Une petite photo l’attire : ‘’ – Qu’est- ce que cette photo ?
La fille ne se rappelait plus qu’un copain qui était venu en vacances chez sa tante la lui avait donnée avant de repartir pour la Martinique
La fille embarrassée dit à sa mère qui il est, La mère en colère exige de sa fille de lui révéler se qu’elle a fait la veille, où elle est allée, pourquoi, le tout accompagné de coups de martinet. Au bout d’un certain temps de ce traitement, la fille finit par avouer la vérité. La mère abasourdit, prend ce qu’elle croyait être un papier sans importance, découvre l’ordonnance. Avec un ‘’ vas dans ta chambre’’ sans réplique, lui montrant la direction d’un doigt rageur, elle sort pour téléphoner de chez une voisine… Elle demande au médecin de venir à son domicile, le toubib embarrassé, finit par lui dire ce que sa fille lui a confié et qu’il faut faire rapidement ce qu’il lui a prescrit. Ensuite, va à la pharmacie pour retirer les médicaments, celle-ci s’excuse et lui explique qu’elle n’a pas renseigné sa fille pensant qu’elle est curieuse et que ces affaires là ne la regarde pas étant trop jeune, puis fait venir les infirmières religieuses pour administrer les piqures.
Bien entendu, la mère explique le pourquoi de ce traitement à sa fille, le regard méprisant de la religieuse met la jeune fille au plus mal, les paroles aussi blessantes : ‘’ – Ma pauvre Dame, vous avez bien besoin de ça après toutes les difficultés que vous avez traversez, quelle honte pour toi de faire ça à ta mère ! ‘’ Oui, elle a honte, cette honte la torture, mais le pire reste à venir.
La mère demande au père de venir pour lui apprendre l’histoire et déballe le tout au beau père.
Il lui demande les noms et adresse du garçon, part à sa recherche pour lui demander quelques explications et s’assurer que c’est bien le gamin en question. Pendant ce temps, elle doit faire face à son père, fort déçu de son comportement. Les remontrances de sa mère la traitant de traînée.
Au retour du beau-père, très en colère, il lui dit qu’il ne veut plus d’elle sous son toit. Il faut trouver une solution, son père ne pouvant pas la prendre chez lui, avec ses trois enfants, sa femme ne voudra jamais s’occuper d’une fille comme ça ! La gamine, le cœur gros dans son coin les écoutent, mortifiée de les entendre parler comme ça d’elle, personne ne pense à ce qu’elle vit, ce qu’elle subit. Elle passe les jours qui suivent à travailler dur dans la maison, ils préparent le déménagement qui doit se faire pour la mi-août, elle à interdiction formel de sortir et doit être dans sa chambre avant le retour du beau père le soir.
Au moment du déménagement, elle est envoyée quelque temps dans un couvent car son beau-père ne veut pas d’elle sous son toit. Alors avant de partir la fille prend un reste de gardénal de sa petite sœur pour les utiliser. Hélas la dose est trop faible pour faire de vrais dégâts. La seule chose dites à la suite de cet acte :
‘’—Tu as privé ta petite sœur de ses médicaments, en plus d’être une traînée, tu es une voleuse ! Tu as de la chance, ton beau-père accepte que tu viennes chez lui mais tu seras enfermée au grenier, il ne veut pas te voir.’’
Elle quitte la région parisienne, son école, ses amis pour s’enterrer à la campagne, dans un village loin de tout où elle ne connaît personne sauf sa famille à lui…
De 16 à 20
Elle passe ses journées en de durs travaux ménagers, la maison est grande, il y a beaucoup à faire, le soir elle monte au grenier où on installe un lit, la porte fermée à clé. Ses frères dans la journée la questionnent, ils ne comprennent pas ce qui se passe, ils ne voient qu’une chose, elle a fait quelque chose de mal et est punie.
Ils lui montent son dîner, c’est-à-dire un bol de soupe et un morceau de pain sec puis referme la porte à clé.
Dans la journée, des reproches continuels, à la moindre erreur, bêtises ou autre, une volé de bois vert lui atterrit sur le dos, sorte de scion souple qui siffle bien dans l’air avant d’échouer sur son dos. Le traitement dure tout le mois d’août avec en prime :
‘’—Si ton père te pardonne, tu n’oublieras pas de le remercier pour te permettre de rester sous son toit.’’
Après quelques temps, un soir son beau-père lui rend visite. Il lui parle doucement, presque un chucheti, lui dit qu’il sera magnanime si elle se laisse embrasser. Elle répond :
‘’— NON !’’
Depuis ce soir là, elle appréhende d’entendre la clé de la porte le soir.
Début septembre, elle descend, sermonnée, elle présente des excuses pour son mauvais comportement et remercie d’être accueillie sous son toit. Quelle humiliation ! Ce qui n’empêche pas les sévices journaliers
Puis l’inscription à la nouvelle école. Elle est choisie avec minutie, un pensionnat de filles, tenue par des religieuses. Les parents n’ont pas les moyens de lui offrir une pension mais la vie stricte qui y règne convient pour une fille dépravée, ce qu’ils expliquent à la mère supérieur. L’entrée se fait à sept heures trente et la sortie à dix sept heures. Première mise mal à l’aise.
Après l’entretien, la supérieur pensant être aimable dit à la petite qui tient la main de la grande une gentillesse et lui offre une sucette pour sa sagesse, se tourne vers la mère qui porte l’éternel bébé et laisse tomber :
‘’—Que fais-tu à ton âge dans les bras de maman ? Tu ne peux pas marcher comme tout le monde petite paresseuse ? ‘’
Alors là, les yeux de la fille jettent des flemmes de colère, elle se met à haïr cet endroit. L’année scolaire commence bien.
Le matin, pour aller à l’école, il faut se lever à cinq heures, le temps de se préparer, partir à six heures pour prendre le train à six heures trente. Elle arrive à sept heures à la gare, le temps d’aller jusqu’à l’école elle ne met qu’un quart d’heure, la porte n’ouvrant pas avant la demie, elle attend donc dehors quinze minutes. En face, une petite entreprise de montage d’ascenseur ouvre aussi ses portes à la même heure, un jeune homme en mobylette attend aussi, ils finissent par faire connaissance et bavardent sous les fenêtres du couvent en camarades. C’est son secret.
Le soir, elle reprend le train de dix sept heures quinze, arrive à dix sept heures quarante cinq. Le car de son village ne passe qu’à dix huit heures. Dans ce quart d’heure de battement, elle fait connaissance avec un jeune qui attend sa copine, sortant d’une école ménagère de la ville, un jour cette fille les surprend discutant et riant de bon cœur, malheureusement c’est la cousine de son beau-père. Dans le car qui les emmène, elle lui fait une scène de jalousie telle que la jeune fille pour se défendre lui rétorque :
‘’—Mais tu n’as rien à craindre, j’ai un chéri à M… ‘’
Ni une, ni deux, le soir même la tante débarque chez les parents, s’installe et lance :
‘’—Vous savez la nouvelle ? Votre fille à un petit copain à M… !’’
Alors là, une dérouille à coup de poing et de ceinturon de la part du beau-père s’abat sur elle, elle croit mourir sous les coups. Quand cette pluie enfin s’arrête, elle a une lèvre tuméfiée, des bleus partout. Difficile de dissimuler les marques, alors pour l’école, il faut se camoufler pour ne pas avoir encore la honte, tarde en route pour arriver les portes déjà ouvertes afin que personne ne remarque rien et aux récréations rester dans l’ombre de la chapelle. Evidemment les religieuses sont prévenues.
Doucettement on arrive aux vacances de noël, elle vient d’avoir seize ans, pour elle l’année scolaire se termine. Les parents n’ont plus les moyens de payer l’école.
Pendant ce temps la vie de la maison n’est pas de gâteau. Sitôt qu’elle arrive vers dix huit heures trente, il faut qu’elle mette la main à la pâte. Bien souvent la vaisselle du midi trempe dans l’eau, il faut la faire rapidement, préparer le dîner, faire manger les petits, les mettre au lit, étendre le linge, refaire la vaisselle, le nettoyage du sol de la salle et la cuisine avant d’aller au lit. Les disputes des parents de plus en plus fortes et le chantage du père :
‘’—Si ce soir je ne rentre pas, c’est que je suis passé sous le métro’’.
Malgré ces dires, qui font souffrir la mère, cela ne l’empêche pas de balader les mains, le matin sur la fille dans la voiture. Comme la gamine le repousse, il pince les lèvres et lui sort de méchancetés qui la blessent, le soir il se venge sur sa mère. Chaque jour, elle craint le moment du départ vers la gare.
Un peu comme un animal que l’on martyrise et qui aime son tortionnaire, elle aime sa mère, malgré tout et souffre lorsqu’on lui fait du mal. Son beau-père le sait, il en joue pour donner mauvaise conscience à la jeune fille.
Un soir où il y a encore de l’orage à la maison, la mère en colère est à l’étage avec la petite, le père boudant en bout de table, refuse de dîner, ce qui aggrave encore les disputes. La fille a le malheur de vouloir résonner le beau-père en s’approchant près de lui afin de le supplier de dîner pour que cesse la colère de sa mère. Il en profite pour lui dire :
‘’—Si tu m’embrasses, je ferai un effort, avec un soupir elle l’embrasse sur la tempe, il en profite pour passer la main le long de son corps sans qu’elle ne fasse plus attention à ce geste, concentrée sur ce qu’elle fait pour calmer le jeu. Descendant les escaliers, la mère voit dans la fenêtre la scène et l’interprète mal. Le drame éclate, la vie de la fille bascule complètement. La femme empoigne sa fille par les cheveux, la roue de coups en lui disant des insanités. Une fois le plus gros de sa rage passée, elle l’envoie dans son grenier puis s’en prend à son mari qui n’a pas bronché. La dispute reprend de plus belle, la vaisselle voltige. Les enfants se demandent ce qu’il se passe encore et dans leur innocence, se tournent vers leur sœur et l’interrogent sur ce quel a encore fait pour que maman soit en colère comme ça. A la suite de cette dispute, que c’est-il dit ? Tout se qu’elle sait, c’est que la mère exige d’elle d’aller dans le lit du beau-père, l’enfer commence
Les années d’enfer
Si le soir mademoiselle se montre récalcitrante, sa mère vient la chercher, l’empoigne, la force à monter.
La journée, les travaux et les coups tombent en veux-tu en voilà pour se venger. Le soir, une fois les enfants couchés, elle fait toujours les travaux d’entretien et le linge à étendre ou repasser, elle traine un maximum pour le faire espérant qu’ils s’endorment. La mère remarque son manège, vient la chercher la priant instamment de laisser ce qu’elle fait, qu’elle finira après.
La mort dans l’âme, elle suit sa mère comme si on la mène à l’abattoir, subit les assauts avec frigidité, il l’a baptise ’’ planche à pain ‘’. Malgré sa froideur et son inertie, se réfugiant dans sa tête en attendant que cela se passe, tous les soirs c’est le même refrain. Il a des exigences particulières qu’il essaie de lui inculquer, elle finit par apprendre car les sévices sont au rendez- vous.
N’en pouvant plus de ce traitement, elle prend une forte dose de gardénal, le lendemain la mère ne parvient pas à la réveiller alors ils lui font boire du café salé, encore et encore pour la faire vomir puis la font marcher pendant des heures pour la tenir éveillée en attendant que le médicament ne fasse plus d’effet. Forcément les remontrances se manifestent vigoureusement.
‘’—Elle a osé ! Comment vont-ils pouvoir remplacer les médicaments de la petite ? De quel droit se permet-elle d’agir de cette façon !....’’
Ils refusent de comprendre le message, la vie reprend son cours….
Juin, le beau temps, la fin de la scolarité des enfants, la mère de plus en plus dépressive et impossible à vivre, scène sur scène, elle semble malade, ne supporte pas la moindre odeur bizarre, la nouvelle éclate comme une bombe, un nouveau bébé pour février. Le travail plus ardu, il faut aider la mère car la grossesse ne se passe pas correctement, il y a en plus les animaux de la basse court et les lapins à prendre soin en plus de la maison et des petites. Souvent, la mère emmène les garçons à Paris, ils partent le matin de bonne heure et ne rentrent que le soir, un vrai bonheur ces jour là, il n’y a que les petites et le reste mais personne pour crier, taper ou rapporter.
Vient septembre, elle va sur dix sept ans, sa mère obtient du tribunal que son père paie une petite pension alimentaire à condition que celle-ci soit versée sur un compte bancaire au nom de sa fille. Chose faite la gamine doit reverser à ses parents la moitié des quarante francs qu’elle perçoit pour aider à son entretien, à charge pour elle de s’acheter ses chaussures ou ce dont elle peut avoir besoin en dehors de la toilette et de l’alimentation.
N’étant plus scolarisée, il faut trouver une solution pour ne pas perdre le montant des allocations, pour se faire, sa mère l’inscrit en apprentissage dans une usine de confection de lingerie fine, elle apprend de A à Z le principe de confection (vérification du tissus, repérer les défauts, la pose de patron et la coupe, la pose de dentelle, le maniement de la machine à coudre, les finissions.) Un apprentissage fort intéressant. Pendant ce temps, elle essaie d’oublier ce qui se passe le soir et essaie d’avoir une vie normale. Son salaire doit être remis sous enveloppe fermée à sa mère, sur ce qu’elle perçoit, on lui remet le montant du transport et de la cantine, le reste est pour la famille. Noël approchant, bêtasse, elle se prive de nourriture le midi et s’arrange pour ne payer le train que deux fois la semaine afin d’économiser pour acheter quelques cadeaux à ses frères et sœurs. Forcément dans le monde du travail il y a des collègues, des rencontres se font, on discute, on fait des échanges, des liens se forment. Elle fait la connaissance d’un collègue juste un peu plus vieux qu’elle, ils sympathisent, rient, insouciant de jeunesse, le soir après le travail, il la raccompagne à pieds jusqu’à la gare, deux petits kilomètres, ce n’est pas long, elle est heureuse, la semaine, elle a l’impression de normalité, peut être que ses cauchemars de la nuit s’oublieront. Noël, les congés de fin d’année, les parents s’étonnent des cadeaux offerts aux enfants. Ils ne posent pas trop de questions. Avant le retour au travail une lettre pour elle arrive. Malheur ! Ce cher copain lui envoie ses souhaits de nouvel an lui faisant une belle déclaration d’amour. La fille est très touchée mais…
La mère saisit la lettre, la lit à son tour, la passe au beau-père qui devient blanc de rage. Là, elle reçoit une raclée majestueuse par le beau-père :
‘’—Trainée, putain, tu ne peux pas t’empêcher de t’afficher avec des garçons, qui est-il, etc. …’’
La mère sans écouter les explications de la fille fait venir le médecin à qui elle raconte ses soupçons. Après examen, il frappe un grand coup de poing le bas ventre de la jeune fille, l’écrase bien de son poing à la faire hurler de douleurs et de dire à sa mère, ne vous inquiétez pas, avec ce traitement il n’y a rien à craindre, pas de suite….. La fille ne comprend pas ce qui vient de ce passer car n’ayant rien à se reprocher.
A la suite de cet évènement, elle ne retourne pas à son travail, l’exploitation et les sévices reprennent de plus belle, il faut gagner ce qu’elle mange. La mère par sa grossesse est au bout du rouleau, les exigences du père n’arrangent rien sur son moral. Les disputes de plus en plus violentes, si la mère se rebiffe et ne veut plus de ce partage de lit, le chantage est de plus en plus vif : ‘’—Tu me fais ma valise et celle du gosse.’’
Le gosse étant l’aîné des garçons. Il est né alors que cela ne faisait pas neuf mois qu’elle était divorcée, comme la loi de cette époque ne permettait pas à une femme d’avoir un enfant hors mariage, il aurait porté le nom du mari, à cette fin, il nait de mère inconnue et c’est le géniteur de l’enfant qui seul peut le reconnaitre. N’ayant aucun droit sur son fils, le père en profite pour obtenir tout ce qu’il veut, c’est-à-dire la mère et la fille dans le même lit et ensemble.
La fille révoltée, un jour, d’une cabine téléphonique appelle les gendarmes, leur dit qu’elle en a assez de servir de paillasson à son beau-père. Ils l’interrogent, mène une petite enquête de moralité puis viennent à la maison pour interroger les parents. Il en résulte qu’ils font passer leur fille pour une menteuse, névrosée et nymphomane, qu’ils peuvent interroger le médecin de famille qui peut confirmer leurs dires. Ils ne comprennent pas le comportement de cette fille, ils sont obligés de la garder à la maison car elle se comporte comme une trainée et que c’est surement par vengeance qu’elle invente cela. Après ça, s’ensuit un sermon impitoyable de la part des représentants de l’ordre et si elle continue ses médisances, elle se retrouvera enfermée, aux parents, tenez la à l’œil, on vous souhaite bon courage ! Pot de fer contre pot de terre.
Août, un passage encore difficile, le versement du crédit de la maison, la rentrée des classes à prévoir, le certificat de scolarité à fournir pour la grande, il faut conserver les allocations, on exige de la fille de travailler à la ferme du village pour trois mois, la saison des pommes de terre suivie de la cueillette des fruits et de reprendre ses cours de comptabilité par correspondance, comme cela pas de risque d’égarement externe, le certificat assuré, et un peu d’argent pour payer les dépenses engagées. La répartition des tâches sont simples, le matin, le travail à la ferme, après le repas, travaux ménager puis deux heures de travail scolaire. Au retour des enfants, le goûter, la préparation du repas et divers tâches, le repas, le coucher des enfants, vaisselle et entretien avant de terminer la soirée dans la chambre des parents.
Février, tant bien que mal arrive le moment de la nouvelle naissance. Pendant que la mère est à l’hôpital, le père continue de harceler la fille, la mère qui s’en doute le vit mal, les avanies verbales ne manquent pas. Pas de chance pour la demoiselle, comme elle n’a pas le droit de mettre le nez hors de la maison, les bruits courent qu’elle serait la maman de la nouvelle petite, ses parents ne voulant pas que cela se sache, prétendent que c’est leur enfant. Quelle discorde, pour qui fait-on passer cette jeune fille ! Ils ne peuvent admettre qu’avec six enfants dont une handicapée, une femme puisse avoir un autre enfant.
Encore des problèmes de santé avec l’éternel bébé, il faut l’hospitaliser d’urgence, reconnue comme un ‘’légume’’ elle ne peut être avec les autres enfants de son âges, donc dans un service spéciale elle est admise, quel service, mon Dieu ! Sur la porte de la chambre, fermée à clé, on peut lire ‘’ La fauverie ‘’. Un choc épouvantable pour la fille, impossible de décrire ce qu’elle voit. Ils sont tous abandonnés de leurs parents, on les traite comme des monstres, l’atmosphère irrespirable, une puanteur insoutenable, elle en a les larmes aux yeux de voir sa petite sœur là-dedans, obligée d’attendre dans cette pièce, combien de jour pour que tous les examens soient faits ? La jeune fille se révolte de cette situation. Jamais elle ne pourra oublier cette image et cette odeur. Une fois ressorti, le personnel hospitalier referme la porte à clé, les abandonnant de nouveau à leur solitude. Elle en aime encore plus fort cette petite sœur innocente, qui n’a jamais fait de mal à personne et qui l’aime sans condition.
Les difficultés financières sont conséquentes, coupures d’eau, d’électricité. Tirer l’eau à la fontaine du village, laver le linge au baquet et au lavoir, entre les couches et les draps ce n’est pas facile mais le plus dur c’est le regard des voisins et les messes basses sur le passage, toujours cette satanée honte.
Les nuits continuent joyeusement, pas de répit. La mère à peine remise de sont accouchement fait une tentative de suicide, il faut lui donner des soins, elle ne peut plus allaiter le bébé. La fille a des difficultés pour assumer toute la maisonnée, entre soigner la mère, s’occuper entièrement du nouveau né, de la petite handicapée, des cinq autres enfants, de tenir la maison etc. … il y a fort à faire, elle n’a plus le temps de faire ses cours, elle abandonne définitivement sa scolarité. Elle a l’impression d’être enterrée vivante.
Août, une nouvelle bombe éclate, la mère est encore enceinte, un huitième en perspective, horreur ! Le temps passe, la jeune fille n’a pas le temps de vivre sa jeunesse, elle va sur dix neuf ans, elle est lasse de toute cette vie de folie, elle n’a plus le goût pour se battre, une dernière tentative pour se sortir de l’enfer, elle veut partir, elle se cherche une place de fille au pair, elle en trouve une chez des gens en partance pour la Suisse, passe les accords, se fait embaucher, prépare ses valises, enfin elle va être libre…
Mais le beau-père ne l’entend pas de cette oreille, il ne va pas lâcher sa proie comme ça. Si elle part, il part aussi avec son fils, des disputes interminables, de la casse, des crises de nerfs, les plus grands dans l’ignorance des faits accusent leur sœur, oui c’est encore de ta faute tout ça ! La mère a peur de se retrouver seule avec les autres enfants et ne veut pas se séparer de son fils aîné, alors, elle entreprend de faire rester sa fille. Elle la supplie, la menace, la fille ne veut rien écouter, toutes ses affaires, ses bijoux, toutes les choses auxquelles elle tient, sa mère les détruit, les déchire, la jeune fille ne cède pas, tant pis si elle n’a plus rien alors la mère excédée, lui fait du chantage affectif :
‘’—Tu ne reverras pas tes frères et sœurs, je couperai les ponts avec toi, tu n’auras aucune nouvelle, ils t’oublieront !’’
‘’—Pas grave, j’attendrai qu’ils soient majeur et les retrouverai’’. La mère enragée de ne pas voir sa fille rester lui acène une dernière méchanceté, une qui la fera craquer.
‘’—Tu pourras peut-être revoir les autres, ils en décideront mais tu ne reverras jamais M…-A … (la petite handicapée). Elle sait bien la mère l’attachement profond et l’amour que son aînée a pour cette petite sœur et que cela fait pencher la balance. Elle jubile car elle fait plier sa fille qui renonce à son départ.
Tout recommence, les privations de liberté, les coups et autres sévices, les nuits, elle est brisée.
L’été qui suivit, la voiture du père a besoin de quelques réparations, un soir, il rentre avec un jeune copain mécanicien, ils bricolent la voiture, font des projets a ce sujet, dîne tous les deux à la maison. Ce jeune à une particularité, il s’endort devant son assiette. Par jeux, les garçons luis font un tas de blagues (de la moutarde sous le nez, du poivre dans son verre et autres petites misères.) Les sorties entre copains pendant que la fille s’occupe de la maison et des enfants, la nouvelle saison de chasse, les weekends les parents ne sont pas souvent à la maison. La fille qui n’est pas une sainte, se sauve dès qu’elle peut pour retrouver quelques copains afin de vivre un peu. Le mécano qui continue son bricolage, voit bien son manège, il assiste fréquemment aux disputes qui découlent de ses absences, il lui dit chaque fois qu’elle n’est pas raisonnable, qu’elle va se faire prendre, il est allé jusqu’à la chercher pour la ramener avant le retour de justesse de ses parents. Elle l’a frôlée de près cette fois là, le jeune homme, ayant déjà assisté à de violentes disputes avec coups, a pitié d’elle.
Le jour de ses vingt ans, il y a fête dans la maison où sont invités des amis de ses parents, la fête ne lui est pas destinée, au contraire, elle doit faire le service et manger seule à la cuisine, tout remettre en place, en ordre et bien entendu la petite gâterie journalière avant d’aller enfin dormir.
Elle ne lutte plus, elle reste passive attendant que cela se passe, se disant plus qu’un an à tenir, à attendre et après …. Comme elle rêve cette fille en essuyant ses larmes !
Le seul plaisir qu’elle a c’est de rire avec ce jeune qui dîne chez eux. Un vieux banc aux pieds arrondis sert de siège aux enfants. Le jeu consiste à rester assis en équilibre sur ce banc sans tomber pendant tout le repas, malins, les frères invitent le jeune homme à s’assoir avec eux et de le faire tomber. Jeux simple et sans conséquence autre que des crises de fou rire. Jaloux comme un pou, le beau-père se met en colère, s’en prend à la mère qui laisse faire ces jeux stupides, une dispute assez violente dégénère entre les parents, la fille envoie d’urgence les enfants se coucher, couche les petits au plus vite, redescend pour voir que le copain est toujours là bien embarrassé, puis passe par la fenêtre une coupe en cristal, une carabine, un téléviseur, chacun prenant un objet appartenant à l’autre et le jette. La fille effrayée essaie de les calmer, le père prend son verre plein de vin et le lance de toutes ses forces au visage de la jeune, elle n’a juste que le temps de pencher la tête sur le côté pour l’éviter en pleine face. Le jeune homme désarçonné par la querelle part sur le champ s’assurant toute fois qu’il n’y a plus de danger. (Première nuit tranquille depuis des années).
1er février 1973
Le lendemain, il revient voir si tout est rentré dans l’ordre et que tout le monde va bien. La mère contente de le voir l’invite à sortir pour lui parler. Après avoir discuté de la crise de la veille, elle lui raconte que c’est de la faute de sa fille, qu’elle se permet de chahuter avec lui, que cela met en rogne son beau-père et lui déballe la vie difficile qu’elle, sa mère, subit ; l’informant que sa fille est la maîtresse de son beau-père, que cela fait des années qu’elle sa femme est obligée de supporter cela, qu’il est extrêmement jaloux et ne permet pas qu’un homme s’approche d’elle. Donc voici le choix.
‘’—Ou tu la prends et tu l’épouses, ou tu ne reviens plus à la maison.’’ Un peu éberlué, il lui répond :
‘’—Dans combien de temps faut-il vous rendre ma réponse ?’’
‘’—Si possible demain !’’ Il part sans plus.
Le lendemain, il revient lui rendre réponse comme promis.
‘’—Elle n’est pas pire que la fille qui vient de me plaquer, je la prends !’’.
Fiançailles et Mariage.
Le petit dernier vient de fêter ses un an, la vie est un peu plus calme puisque la fille a l’autorisation de fréquenter le jeune homme, comme elle a vingt ans et que les allocations le sont plus versés pour elle, il est décidé qu’elle ira travailler. Elle se trouve une place d’aide soignante à mi-temps dans une maison de retraite médicalisée. Le jeune homme travaillant dans la même petite ville, vient la chercher le matin et la raccompagne le midi. L’après midi est consacré à l’aide dans la maison. Son beau-père fait la tête mais le soir elle est enfin tranquille, sauf quand il peut la coincer dans la journée dans un coin de la maison lorsqu’ il est de repos. Elle arrive à le rembarrer le menaçant de le dire à son fiancer. La santé de sa mère décline une nouvelle fois, elle fait une éventration sur une poche de hernies étranglées. Transportée d’urgence à l’hôpital, il faut l’opérer rapidement. Il n’y a que trois mois qu’elle travaille, elle doit le quitter pour prendre de nouveau la maison entièrement en charge. Elle ronge son frein, elle rêve, elle prévoie de faire ses fiançailles une fois ses vingt et un ans passé, elle n’est même pas sure d’avoir envie de l’épouser, il lui permet d’avoir une vie normale pour attendre sagement sa liberté et puis basta après, elle verra bien.
Un samedi après midi de fin avril, les grands sont partis avec leur père pour visiter leur maman, les petits font la sieste, la jeune fille est avec son fiancé, alors quand il lui dit : si on achète des chaussures, généralement on les essaie. Alors j’aimerai bien … S’il faut en passer par là pour être tranquille, pense-t-elle, je peux bien en payer le prix. Ce qui doit arriver, arrive et l’essaie se faisant dans la chambre des parents, puisque seule cette pièce possède une porte, ils n’entendent pas le père rentrer et drame ! Le plus drôle c’est qu’ils ont à peine commencé la chose. Cette arrivée impromptue coupe court à tout.
Il fait une scène, dit qu’il préviendra sa mère de la situation mais n’ose pas la frapper, ni de s’en prendre au jeune homme alors, dès que la mère rentre de l’hôpital, il lui joue la grande scène du deux, lui dit qu’il ne veut plus la voir sous son toit, la fait pleurer, ce qui fait souffrir la jeune fille, voir toute cette méchanceté gratuite l’exaspère.
La mère prend de radicales décisions, répond à son mari qu’il devra la supporter encore un peu, qu’elle fera le nécessaire pour la faire partir au plus vite. Le jeune homme part en s’excusant de ce qu’il c’est passé, la mère lui répond que ce n’est pas de sa faute, que sa fille aurait du rester à sa place et ne pas l’emmener dans la chambre, que c’est encore elle la fautive, comme toujours, de cette situation. Une fois parti, la mère s’en prend à la fille
‘’—Décidément, on ne peu jamais te faire confiance, tu as vraiment le feu au cul ma pauvre fille ! Nous allons faire le nécessaire pour que tu quittes la maison au plus vite.’’
Les semaines à venir seront bien remplies. Le temps défile à grande vitesse, elle n’a pas le loisir de penser. Ils organisent, prévoient, ordonnent, elle n’a pas sont mot à dire, elle exécute c’est tout, elle n’a qu’à s’en prendre à elle après tout, c’est de sa faute si la situation en est là, et puis elle n’est pas encore majeur, elle n’a pas autorité pour objecter, elle subit.
Préparer la rencontre avec la belle famille afin de faire officiellement connaissance et parler mariage, autour d’un repas élaboré par la future mariée pour faire valoir ce dont elle est capable et faire bonne impression. Choisir et arrêter une date pour la cérémonie, sachant que l’on ne se marie pas le mois marial. Tradition catholique. En définitif la date retenue sera le 16 juin. Six semaines en tout pour tout orchestrer c’est court.
Une fois la date convenue, il faut établir et planifier le programme. Se renseigner pour les démarches administratives, réunir les papiers nécessaires à la publication des bans, les visites médicales et autres examens de santé pour la mairie. Le médecin prescrit une ordonnance à la jeune fille pour que celle-ci puisse réguler la naissance de ses futures enfants. De retour elle dit à ses parents qu’elle est apte de se marier et que le médecin lui conseille de prendre ce médicament le plus rapidement possible, les parents étonnés regardent l’ordonnance, répondent à la jeune fille :’’—Ma petite fille, quand tu seras chez toi, ton mari décidera s’il estime que tu prennes la pilule ou non, ce sera à lui de le gérer mais sous mon toit, il est hors de question que tu prennes cette pilule !’’ Voilà c’est dit, où se trouve la liberté gagnée en soixante huit ? Il faut ensuite assumer les rendez-vous avec le prêtre qui doit les unir, pour la préparation de la cérémonie, la recherche d’une salle pour le repas et le vin d’honneur, le photographe, les faire part et les invitations, le choix et le nombre des invités, l’élaboration du menu et la négociation du repas, le coût et comment payer, les toilettes et les frais, sans compter que cela entraine des dépenses qui ne sont pas prévues au budget familial. Bien des tentions s’ensuivent, la mauvaise humeur du beau-père grandissante, on ne sait pas sur quel pied danser, un jour il va faire le repas, un autre il ne veut rien entendre. La mère bagarre, elle veut un mariage correct pour sa fille, elle va pouvoir se débarrasser de l’épine qu’elle a dans le pied depuis tant d’années, elle se venge enfin ! Quant à sa fille, elle a intérêt à filer droit.
Dans la même période, il faut continuer à vivre, l’entretien de la maison, l’éducation des petits, la scolarité des plus grands, les exercices de rééducation de la petite handicapée, les repas pour dix au minimum, les visites chez les médecins pour la petite, l’humeur massacrante du beau-père à gérer, enfin le train-train quotidien.
Des conciliabules s’établissent pour concilier le financement des dépenses. En principe chaque partie doit prendre à sa charge les frais au prorata du nombre de personne invité. Au vu de la situation financière des parents, le jeune homme propose d’avancer les dépenses que les parents rembourseront plus tard.
Le jour J approche à grand pas, les achats alimentaires et la boisson se fait à Métro par le biais d’une amie restauratrice cliente de ce fournisseur en gros. Pour les vêtements, ils se fournissent dans un magasin de marque Tati spécialisé dans les cérémonies et de prix modeste. La jeune femme rêve d’une robe style princesse avec un grand voile, la mère le l’entend pas de cette façon. Elle arrête son choix sur une robe toute simple, longue et droite avec de petites manches courtes en gros plumetis blanc sur fond blanc et un voile court. Adieu son joli rêve. Son prétendant lui offrira son alliance.
L’effervescence est à son comble, tous s’activent, ils ne sont plus qu’à trois jours du mariage, les grands ont pour tâches la décoration de la salle sous l’autorité maternelle, la tante pour la circonstance est venue mettre la main à la pâte avec la petite cousine, le beau-père prépare le repas avec l’aide de l’amie restauratrice et la fille doit en plus de s’occuper de la petite marmaille faire sa pièce montée. Douée pour la pâtisserie, un ami de la famille, pâtissier de profession, lui enseigne la méthode pour la réalisation de se genre de pâtisserie.
J – 1, le montage de la pâtisserie et les finissions, les précautions à prendre pour sa réalisation sans risquer de brûler les petits, toujours dans ses pieds, avec le caramel de montage. Elle se sent mal, elle a de la fièvre, mal à la gorge, elle pense avoir attrapé un coup de froid, on lui dit que cela provient du stress, en définitif, le cou enfle, elle fait simplement les oreillons. Elle passe sa nuit à terminer sa pièce montée, elle est complètement fatiguée, blanche et la tête en forme de poire tellement enflée pour la cérémonie.
Il est décidé que pour leur nuit de noce, ils iront chez la grand-mère du jeune homme où ils vivront après leur mariage dans l’attente de trouver un logement.
Jour J, les derniers préparatifs, 16 heures, la cérémonie à la mairie pour commencer, l’église, les cloches sonnent à toute volée, il y a un monde fou, tout le village c’est réuni, il y a des spéculations, ‘’ –Elle est surement enceinte pour que le mariage soit si rapide’’. Alors pour la traversée de la place, elle se redresse bien droite malgré la fatigue, la tête bien haute, après tout elle est bien contente de sa robe droite, elle ne cache pas une maternité comme sa cousine qui c’est mariée enceinte jusqu’aux yeux. Elle est fière, elle les regarde droit dans les yeux, après tout ce qui c’est dit à son sujet, elle prend un peu de revanche. Elle sait qu’elle n’est pas aimée mais elle s’en moque, elle va partir, enfin. Ils la jugent, ils ne savent pas par où elle est passée, ce qu’elle a vécu, ils ne savent que ce que les parents en disent, elles, ils ne l’ont jamais entendue, les rares personnes à qui elle a essayée de le dire ou ils profitaient d’elle, ou ne la croyait pas, personne n’est venu à son secours. Après les photos à l’église, les félicitations des uns, des autres, le plus grand des garçons a la charge de sa sœur handicapée. Avec toute la rééducation pour muscler ses jambes, on arrivait à la faire tenir debout comme un bébé que l’on tient par les mains pour le faire avancer. Elle ne restait pas longtemps dans cette position mais pour faire les photos c’était plus sympathique, ils attendaient après le fauteuil roulant pour la réinstaller lorsqu’elle lâche les mains de son frère et déambule jusqu’au couple afin d’attraper sa sœur par le cou et de lui prendre le menton dans sa bouche, sa façon à elle de l’embrasser, c’est le plus beau des cadeaux qu’elle reçoit ce jour là, ces premiers pas depuis sa naissance, elle a dix ans. La mère en larmes n’en revient pas, un moment de grand silence, tout le monde étonné avant que le brouhaha ne reprenne, chacun se félicitant d’avoir vu ça.
Après cet instant de miracle, est offert à la communauté le vin d’honneur, les jeunes mariés s’éclipsent pour aller chez le photographe, puis une virée en voiture avant le festin. Avec toutes ces émotions, elle est très fatiguée et ne pense plus qu’a s’évader pour dormir, après le repas, la traditionnelle jarretière, le dessert applaudi et le bal, quatre heures du matin, les invités les plus âgés commencent à fatiguer et pensent à partir, enfin temps pour les mariés de partir en douce, la nuit sera courte. Ils se sauvent, se réfugient chez la grand-mère comme prévu, ne pense plus à rien sauf consommer leur mariage et dormir. A neuf heures, la jeunesse débarque pour la lever des mariés accompagnée de toutes les plaisanteries de coutume. Une nouvelle vie commence pour elle.
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